Au milieu du dix-neuvième siècle, à la suite de la publication des Mystères de Paris d’Eugène Sue, les mystères urbains jouissent d’un incroyable succès en Europe. Ces récits, centrés sur la description des dangers de la ville moderne, alors en pleine expansion, exploitent les faits divers de leur temps. Leurs histoires mêlent bandits et voyous en tous genres avec un goût prononcé pour les intrigues criminelles. Ils sont rapidement déclinés en Belgique où l’on identifie pas moins de trois Mystères de Bruxelles écrits entre 1845 et 1850. Ils constituent un terreau fertile favorisant l’éclosion du récit policier.
Mais avant la véritable naissance de ce dernier dans nos contrées, au début du vingtième siècle, l’imaginaire criminel va se diffuser, à l’instar de la France, dans un autre type de publication : le roman judiciaire. Ainsi le premier d’entre eux, publié en 1901 sous le titre de Maître Deforges, donne une large part à la description du fonctionnement judiciaire de son temps. C’est également sous l’étiquette de « roman judiciaire » qu’est publié en 1904, Le crime de Luxhoven du magistrat Firmin van den Bosch.
En 1908, Le rival de Sherlock Holmes de Hector Fleischmann initie la grande mode des pastiches holmésiens mais est toujours présenté sur sa couverture comme un « roman d’aventures ». C’est avec Les Mouches d’or de Rodolphe de Warsage qu’apparaît pour la première fois sur un roman belge, l’inscription « roman policier ». Nous sommes alors en 1918. L’histoire du roman policier belge peut enfin commencer.
Lisez ici un article de Paul Aron sur les Mystères de Bruxelles