C’est avec le retour d’André-Paul Duchâteau au roman policier que s’ouvre la période contemporaine du polar belge. Une période marquée par un phénomène de normalisation. En 1974, soit plus de trente ans après son dernier roman publié, Duchâteau publie De 5 à 7 avec la mort. Un retour gagnant récompensé par le grand prix de littérature policière. L’année suivante, un autre belge, Yvon Toussaint, reçoit le même prix. Un beau doublé en guise de top départ pour une nouvelle génération d’auteurs et d’autrices.

Apparaissent alors régulièrement de nouvelles plumes qui, libérées de la contrainte des origines, ne ressentent plus la nécessité d’étouffer leur identité ou, au contraire, de la porter en étendard et proposent des récits policiers diffusés et appréciés bien au-delà des frontières belges : Jean-Baptiste Baronian en 1981, Patrick Delperdange en 1985, Pascale Fonteneau en 1992, Nadine Monfils en 1995, Paul Colize en 1999, Barbara Abel en 2002… Autant d’auteurs dont le talent n’est plus à prouver et qui continuent encore aujourd’hui à publier dans des maisons prestigieuses pour le plus grand bonheur des lecteurs de tous horizons.

Découvrez un beau focus et des pistes pédagogiques consacrés au policier belge sur le portail Objectif Plumes

André-Paul Duchâteau - De 5 à 7 avec la mort
Patrick Delperdange - Place de Londres
Nadine Monfils - Une petite douceur meurtrière
Barbara Abel - L'instinct maternel

À partir des années 1980, à la faveur du changement des modes de consommation culturelle, les fictions policières se développent massivement à l’écran et se déclinent sur le mode sériel. Alors que les grands pays européens plongent dans ce nouveau marché et inventent leurs propres héros nationaux, la Belgique ne s’illustre par vraiment dans ce domaine. Le commissaire Maigret est certainement l’enquêteur le plus célèbre de la littérature belge mais, bien qu’inventé par Simenon, celui-ci est français et travaille au célèbre 36, Quai des Orfèvres à Paris. Cela n’empêchera pas la Belgique de coproduire, à partir de 1991, la série Maigret mettant en scène Bruno Cremer dans la peau du célèbre commissaire.

Malgré ce maigre bilan, et suite à une politique publique volontariste, la Belgique tire aujourd’hui son épingle du jeu et produit depuis le milieu des années 2010, plusieurs séries, notamment dans le genre policier, dont le succès dépasse largement nos frontières. C’est le cas des séries comme Ennemi Public, La Trêve, Zone blanche ou encore Coyotes.

À côté des auteurs belges bien installés dans le paysage éditorial du roman policier, l’actualité récente tend à montrer que la relève est déjà assurée. C’est notamment le cas par la collection « Noir corbeau » des éditions Weyrich qui se consacre entièrement au roman policier belge contemporain. Même si elle assume une approche plutôt traditionnelle, en s’inscrivant sous le patronage littéraire de Simenon, la collection initie une nouvelle production de polar belge. Par ailleurs, les amateurs de nouvelles plumes suivront avec intérêt le Prix Fintro Écriture noires qui récompense depuis 2017, une nouvelle plume belge du roman noir.

Le prix a notamment récompensé les excellents romans de Isabelle Corlier (Ring Est en 2017) et de Marie-Pierre Jadin (Brasiers en 2020). Enfin, parmi d’autres plumes récentes, l’œuvre de Caroline de Mulder mérite l’attention. Son parcours éditorial témoigne d’un encrage de plus en plus marqué dans le roman noir, comme en témoigne Manger Bambi publié en 2021 dans La Noire, collection mythique des éditions Gallimard relancée en 2019.

Découvrez ici la recension, par Guy Delhasse, des derniers romans policiers belges parus

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